s’enfouir n’est pas s’enfuir

Trois ans après « et si l’autre était toi, « s’enfouir n’est pas s’enfuir » réaffirme avec le philosophe Paul Ricoeur que « le plus court chemin de soi à soi passe par les autres ». Avec ce nouvel opus, les éditions Paraules nous invitent à reprendre le fil des affleurements d’une conversation continue au rythme des marées intérieures du temps, où vivre s’exprime, à l’abri de toute idéologie, dans la sensible expérience de la fugacité de l’instant. De résilience en résistance, la poésie d’Evelyne Maureso gambade sur les rives de l’intime d’un être plus grand que soi, libéré des assignations aux identités sommaires et rétrécies que nos temps affectionnent. En apnée dans le vivant, elle boxe le réel pour en décaper les apparences jusqu’à débusquer le détail qui dit le vrai d’une humanité en transit. Elle nous invite à défricher une cosmogonie peuplée d’autres mondes et de mondes autres, résonances de vies de terre et d’ombre, de silence et de mer, de lumière et de vent… Par les pores de ces odes à la diversité, bruissent aussi la rémanence de vies qui se sont tues et, telle une épigénétique poétique de la trace, celle des combats qui les ont portées. En créolisant le tien, le mien, le nôtre, Evelyne Maureso crée une langue où, comme les majuscules, les frontières s’effacent. Elle y convoque alors les forces imaginantes du rêve pour anamorphoser l’incandescent désir et droit à l’égale dignité du vivant, et pour pouvoir les danser, encore et encore…

Anne-Christine Micheu